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Découvrons le loup, son mode de vie, son instinct naturel…
Un simple carnivore ordinaire
Le loup Canis lupus est un carnivore comme les autres avec une dentition spécialisée, un système digestif simple, des griffes robustes, un cerveau développé. Il est taillé pour les longues marches, la course et la capture de proies diverses.
Un prédateur dépendant des proies sauvages
Le loup peut consommer des insectes comme des grands mammifères et des charognes, mais il est principalement dépendant de la présence d’ongulés sauvages abondants toute l’année : chevreuils, cerfs, chamois, isards, sangliers… Les loups ne se maintiendraient pas sans cette faune sauvage.
Une espèce sociale et territoriale
Les loups vivent en groupes sociaux appelés « meutes » dans lesquels seul le couple dominant se reproduit.
En France, une meute compte en moyenne 4 à 5 loups, exceptionnellement jusqu’à une dizaine. La meute vit sur un territoire dont la superficie varie selon l’abondance et la répartition des proies : 200 à 300 km2 dans les Alpes.
A l’âge de 2 à 4 ans, les jeunes quittent le groupe à la recherche d’un nouveau territoire. Une répartition réduite à presque rien. Les loups étaient autrefois présent dans tout l’hémisphère nord, y compris toute la France avant leur extermination. Actuellement dans notre pays, ils ne sont revenus que dans 5% de leur répartition originelle, principalement dans le sud-est, les Alpes et les pré-Alpes. Quelques loups sont identifiés dans le nord-est, le Massif Central et les Pyrénées. D’autres peuvent apparaître ailleurs après avoir parcouru de très grandes distances sans se faire repérer.
Livret CAP LOUP :
Tout savoir sur cet animal fascinant…
I – Présentation du Loup
a/ Communication par les sens
Le loup communique en s’appuyant sur tous ses sens. Ainsi, grâce à son odorat, son ouïe, sa vue, etc.., il va analyser et croiser les informations reçues afin d’adapter au mieux sa réponse. Certains sens propres au loup sont cependant bien plus développés que d’autres avec notamment la sensibilité olfactive, auditive et visuelle :
– Sensibilité olfactive :
Le loup est sensible aux odeurs. Grâce à sa truffe, il peut sentir un danger imminent. A noter que le loup a une sensibilité olfactive bien plus développée que celui du meilleur chien de chasse. Pour avoir un ordre d’idée, le chien peut détenir jusqu’à deux cent trente millions de récepteurs sur la surface de la muqueuse olfactive tandis que l’homme en a environ dix millions.
Le loup peut sentir du gibier à deux kilomètres de distance. Très bon pisteur, il peut remonter à une source odorante en faisant la différence entre ce qu’il sent depuis sa narine gauche et sa narine droite.
– Sensibilité auditive :
Chez le loup, les communications sonores peuvent se faire à une dizaine de kilomètres de distance (étude menée par le chercheur biologiste américain L.David Mech). Son ouïe est des plus fines, il peut entendre les hurlements d’un congénère ou le passage d’une proie par exemple. Même lorsqu’il dort, ses oreilles restent dressées pour pouvoir constamment intercepter les sons des autres animaux.
– Sensibilité visuelle :
Le champ visuel du loup avoisine les deux cent cinquante degrés. Quant à l’homme, son champ visuel est inférieur (cent quatre vingt degrés). Par contre, il a une vision diurne plus nette par rapport au loup : au delà d’une courte distance, la vue du loup est à priori plutôt floue. Sa vision frontale est relativement mauvaise. Par exemple, les loups reconnaissent difficilement les membres de leur propre meute au delà de trente à quarante cinq mètres. Cependant, ils ont une vision périphérique très bonne et détectent facilement les formes et les mouvements à distance.
Lorsque la nuit arrive, les loups ont une vue qui est nettement supérieure à celle de l’homme. Une couche de cellules réfléchissantes tapissent le fond de leurs yeux, leur permettant ainsi de capter et d’intensifier les faibles sources de lumière.
b/ Développement et apprentissage
Évolution du louveteau
A leur naissance, les louveteaux naissent sourds et aveugles avec les oreilles tombantes. Ils ont les yeux bleus au départ, puis ils deviennent jaunes. Ils passent beaucoup de temps à dormir entassés les uns sur les autres pour se tenir chaud car il n’ont pas encore le réflexe de frisson thermique. Par contre, ils détiennent le « Rooting reflex » (réflexe de fouissage) qui les aident à localiser les tétines. Les petits sont complètement dépendants de leur mère, c’est elle qui va les protéger, les nourrir, les nettoyer durant les semaines à venir.
Cependant, la louve ne sera pas seule à éduquer ses louveteaux puisque les loups adultes vont également prendre part à leur éducation. Deux semaines après leur naissance, ils ouvrent les yeux et commencent à entendre à partir de la troisième semaine.
Au bout de trois semaines, les louveteaux quittent la tanière pour explorer leur environnement. Durant cette période, ils vont développer leurs vocalises et apprendre à hurler, grogner et japper. Leur vue va devenir effective et ils seront en mesure de repérer le vide.
Ils seront allaités pendant six semaines et ensuite nourris par des proies que la louve aura régurgitées devant eux.
A l’âge de six mois, ils vont découvrir le système de hiérarchie et vont ainsi se rendre compte qu’ils ne peuvent manger lorsqu’ils le souhaitent mais qu’il doivent attendre leur tour.
c/ Relations sociales
– Aboiement / hurlement
Les loups aboient peu. Ils peuvent notamment aboyer lorsqu’ils sont surpris. Dans ce genre de situation, il s’agit d’une alerte face à l’intrus. Le loup est plus enclin au « hurlement », ce procédé étant plus utile pour lui dans la nature puisqu’il peut se faire entendre à une dizaine de kilomètres de distance par d’autres loups. C’est là son principal moyen de communication pour émettre un message à longue distance. Les louveteaux sont capables de hurler à partir de vingt-deux jours.
Le hurlement peut avoir plusieurs significations :
il permet d’établir le contact entre plusieurs familles,
il peut prévenir d’un danger imminent, localiser et identifier un individu isolé.
Cependant, le loup peut également exprimer ses sentiments via un hurlement (transmettant ainsi sa douleur ou au contraire, sa joie). – Peur/agressivité
La peur est une émotion vitale indispensable qui survient lorsqu’un individu se sent en danger (réel ou imaginaire) et qui nécessite une réaction adaptative par la fuite, l’immobilisation ou l’agressivité.
Le louveteau ne découvrira ce sentiment que tardivement puisque c’est entre le troisième et le cinquième mois qu’il devient tout à coup très peureux face à de nouveaux stimuli. La posture de l’animal va alors changer en cas de peur : ce dernier va saliver, tenir la tête basse, avoir les oreilles plaquées en arrière et la queue entre les pattes arrières.
– Menaces/morsures
A l’origine de la menace, un sentiment de peur ou une démonstration de domination. Le loup menaçant aura alors le regard fixé sur son adversaire, ses babines retroussées montrant ses incisives et ses canines, sa stature sera droite se tenant ainsi haut sur pattes, les poils de son dos dressés avec la position de sa queue droite, quasiment à la verticale. Il aura la tête haute et les oreilles dirigées vers l’avant. Plus le conflit sera important, plus l’intensité de la menace sera dense.
A noter que les conflits sont plutôt rares au sein de la meute. Les bagarres éclatent plutôt à l’époque du rut puisque la place de « l’Alpha » est remise en question. Ces attaques peuvent mener à la mort bien que ce soit peu fréquent. Pour information, la morsure du loup atteint une pression de 150 kg/cm², soit le double d’un Sharpei ou le triple d’un Jack-Russel.
Quant à une éventuelle attaque d’un loup envers un humain, n’ayez crainte car le loup grâce à son ouïe très développée garde une bonne distance avec nous. Il a peur de l’homme et nous craint.
– Jeux
De manière générale, les loups communiquent via des signaux visuels qui sont basés sur le langage corporel. Ils exposent de la même manière leur joie au moment de jouer : bouche ouverte, langue qui pend, oreilles qui pointes. Parfois, ils sautent et bondissent droit en l’air lorsqu’ils souhaitent manifester leur gaîté. Il est important de souligner que le jeu fait partie des activités communes aux canidés : les loups aiment s’amuser avec leurs congénères.
Le jeu est un excellent moyen pour les plus jeunes d’appréhender diverses situations futures auxquelles ils seront confrontés un beau jour. Par ce biais, ils apprennent les comportements de soumission, de domination, et peuvent simuler des situations de combat. Lors de ces interactions, on peut observer un loup qui va lécher les babines de l’autre en signe de soumission et d’apaisement. Cette activité lui permet de se défouler et d’évacuer toutes les tensions accumulées jusqu’à cet instant. Les jeux sociaux sont ainsi très fréquents et ont tendance à augmenter au cours de la première année. Le jeu va permettre aux louveteaux d’anticiper certaines situations une fois adultes. Ils vont ainsi apprendre les différents comportements que l’on peut adopter face à un congénère. Le comportement de chasse peut paraître inné chez les louveteaux. Cependant, ils devront acquérir les stratégies et techniques de chasse en partie grâce aux jeux qu’ils partageront avec les autres membres de la meute. La manière d’attaquer une proie, la faire flancher sur le sol, les louveteaux vont vite découvrir la façon dont il faut s’y prendre par le biais des jeux de bagarre et de poursuite.
Le jeu constitue une activité fondamentale dans l’apprentissage et le développement des louveteaux. C’est à travers le jeu qu’ils vont pouvoir se construire et évoluer au milieu de leurs semblables.
II – Hiérarchie (dominance / soumission / meute)
La hiérarchie est un système social qui englobe un ensemble de codes prédéfinis et connus par tous les membres faisant partie de ce groupe. Au sein de cette organisation, certains individus auront un accès privilégié à des ressources limitées (par exemple, le mâle « Alpha » se servira le premier en nourriture).
Au sein d’une meute de loups, l’ordre social et la communication sont très développés de manière à ce que chacun connaisse sa place. La meute est composée de deux à huit loups comprenant le couple reproducteur (également appelé « couple Alpha »), les louvards (jeunes de l’année précédente), les louveteaux de l’année et les autres adultes. Leur système de fonctionnement est très élaboré et leur permet d’éviter de nombreux conflits internes tout en assurant une bonne coordination des activités entre membres; leur survie en dépend. Quant au loup « Alpha », il se sert très rarement de la violence pour marquer sa dominance. Il lui suffit de regarder fixement un loup subalterne pour que ce dernier recule. Son rôle principal est de veiller sur la meute et d’assurer sa sécurité. C’est lui qui va prendre toutes les décisions du groupe (lieu où dormir, départ pour la chasse, temps de jeux, etc…). L’ordre hiérarchique est remis en cause tous les ans en période de rut.
III – Territoire / marquage
Les loups ont une très bonne capacité d’adaptation et se déplacent souvent sur de très longues distances afin de coloniser de nouveaux territoires. Peu leur importe si le lieu semble hostile avec, par exemple, des températures très basses ou une végétation qui se fait rare. On les trouve en effet dans tous les types d’habitats : la toundra, les bois, les plaines ouvertes et les abords des régions désertiques. Leur priorité est de trouver suffisamment de proies pour subvenir aux besoins alimentaires de la meute.
La superficie du territoire peut varier : allant de 52 km2 pour une meute de cinq individus au Minnesota à au moins 1 779 km2 pour une meute de huit à dix loups au Canada.
Chaque meute a un territoire bien délimité et évite soigneusement tout contact avec d’autres meutes. L’un des moyens pour avertir les autres animaux qu’ils sont sur un territoire occupé est le marquage. Il est d’ailleurs deux fois plus important aux limites du territoire qu’à l’intérieur de la zone protégée.
Pour les loups, le marquage du territoire par les crottes et l’urine est essentiel à la vie sociale.
IV – Alimentation
Le loup est carnivore, ce qui signifie qu’il se nourrit principalement de viande. Celle-ci provient d’animaux sauvages que le loup chasse seul ou en meute. Le loup peut être aussi charognard et se nourrir de cadavres d’animaux, c’est un opportuniste ! Ses proies sont de tailles très diverses, allant de la souris au cerf, en passant par le chevreuil, le lièvre, le lapin, la marmotte, le renard, les oiseaux ou même les reptiles et batraciens. Dans certaines parties du monde, le régime alimentaire du loup comporte également du poisson. Enfin, il peut aussi se nourrir de bétail (ovins surtout).
Il serait faux de croire que le régime alimentaire du loup est exclusivement carné. Cet animal extrêmement adaptable peut tout à fait diversifier son alimentation avec des baies sauvages (framboises, mûres ou myrtilles), en particulier à la belle saison. Il peut même consommer des insectes !
V – Retour du loup gris en France
En France, la lutte contre les loups commence dès 813 avec la création de la Compagnie de la louveterie par Charlemagne. A la fin du XVIIIème siècle, François de Beaufort estimait entre trois mille et sept mille le nombre de loups vivant sur le territoire français. A cause d’une persécution organisée, l’espèce a disparu autour des années 1930.
Le loup, grâce à sa faculté d’adaptation, a appris à vivre dans des milieux naturels très divers : steppes, savanes, déserts, montagnes, forêts, maquis, landes. Ayant longtemps été pourchassé par l’homme, il privilégie de manière générale les lieux reculés en haute montagne ou en forêt afin de l’éviter. Il faut savoir que le loup se déplace sur de très longues distances et recolonise de manière naturelle de nouveaux territoires. C’est ainsi qu’une soixantaine d’années plus tard, il revient dans les Alpes du Sud. Le loup gris (Canis lupus) a recolonisé une grande partie des Alpes depuis le début des années 1990, plus précisément depuis novembre 1992 où il a été aperçu dans le Mercantour.
Son retour sur le territoire français a été source de débat : la question était de savoir s’il avait été réintroduit par l’homme ou s’il était revenu de façon naturelle. Ce débat a fait polémique car sur un plan juridique le statut du loup n’est pas le même. Dans le cas de la réintroduction du loup par l’homme, il aurait été plus facile de l’éliminer en cas de gêne. Cependant, il a été prouvé grâce à plusieurs études s’appuyant sur l’analyse génétique que le loup avait bel et bien recolonisé la France naturellement. Il est probable que ce soient des loups issus des Abruzzes et peut-être certains venant des Apennins du Sud qui sont aujourd’hui en France. A noter que le loup n’a jamais disparu en Italie et de plus, l’espèce n’a cessé d’augmenter depuis les années 1970.
VI – « Canis lupus », espèce protégée
Il faut savoir que le loup gris est protégé juridiquement à différents niveaux : au niveau européen et au niveau du gouvernement français.
En Europe, le loup est protégé par la Convention de Berne (1979) transcrite dans le droit français en 1989. Il est inscrit dans les annexes II et IV de la directive “Habitats” de l’Union Européenne et fait partie des espèces prioritaires.
En France, l’espèce est protégée sur le territoire national par l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993 publié à la suite des premières observations attestées sur le loup en France (mis à jour le 23 avril 2007). Ce statut implique pour la France de veiller à la conservation de l’espèce et de ses habitats. Ainsi, depuis le 22 juillet 1993, il est interdit de capturer ou d’éliminer volontairement un loup, ces actes étant passibles de poursuites judiciaires.
La cohabitation avec le loup n’est certes pas facile mais aura à terme une conséquence positive sur notre environnement naturel. Les loups permettent de diversifier la faune sauvage et même de l’enrichir. Plus la diversification des espèces animales sur un territoire sera conséquente, plus la flore sera variée.
VII – Impact du loup sur le tourisme
A travers le monde, de nombreux centres pour la protection du loup se développent et visent à mieux faire connaître le loup. Dans certains pays, le loup peut avoir un impact considérable sur l’économie locale car il pique la curiosité des touristes qui viennent nombreux visiter ces parcs nationaux.
Prenons l’exemple du Parc de Yellowstone : à Yellowstone, des dizaines de milliers de touristes viennent chaque année voir les loups, augmentant ainsi de 35 millions de dollars l’économie locale.
Autre exemple, celui du Parc National des Abruzzes qui accueille annuellement jusqu’à 2 millions de visiteurs par année. Une grande partie de la population locale, devenue complice de la bonne intégration de ces animaux sauvages, revendique leur présence, désormais bénéfique pour l’économie locale.